Ivan Chai : l'infusion oubliée

Ivan Chai : l'infusion oubliée

Loin des sentiers battus du thé traditionnel, l'ivan chai, que l'on appelle aussi thé de Koporye, est une infusion venue tout droit des traditions d'Europe de l'Est. Elle est préparée avec les feuilles fermentées d'une plante sauvage, l'épilobe en épi. Mais attention, malgré son nom, ce n'est pas un thé ! Il ne vient pas du théier (Camellia sinensis), ce qui lui confère une qualité précieuse : il est naturellement sans caféine.

L'ivan chai, une infusion au-delà du thé

Boire une tasse d'ivan chai, c'est bien plus qu'étancher sa soif. C'est s'offrir un voyage au cœur de la nature et de la culture slave. Tout commence avec l'épilobe (Epilobium angustifolium), cette magnifique plante aux fleurs violettes qui s'épanouit dans les clairières et les lisières de forêts de Sibérie ou des pays baltes. Les cueilleurs la récoltent traditionnellement à la main au cœur de l'été, lorsque la plante est la plus riche en sève.

Son goût est ce qui le distingue immédiatement des thés noirs que nous connaissons. L'ivan chai déploie une saveur douce et incroyablement complexe. On y décèle des notes délicatement fruitées, presque miellées, rappelant les fruits secs, qui dansent sur le palais. Une richesse aromatique qui ne doit rien au hasard, mais tout à un savoir-faire artisanal : la fermentation.

Le secret de la fermentation

C'est ici que toute la magie opère. Le processus de fermentation transforme littéralement l'épilobe, libérant des composés qui sculptent son profil gustatif et décuplent ses propriétés. C'est cette étape clé qui lui donne sa robe ambrée et profonde et ses arômes si enveloppants, le rendant à la fois réconfortant et étonnamment sophistiqué.

Ce savoir-faire, précieusement transmis de génération en génération dans les campagnes slaves, permet de révéler tout le potentiel de la plante. Le résultat est une boisson apaisante, parfaite à tout moment de la journée, sans jamais craindre les effets excitants de la caféine.

Une alternative saine et tendance

Si l'absence de caféine est l'un de ses atouts, ce n'est certainement pas le seul. Cette infusion est un véritable concentré de bienfaits naturels, ce qui explique pourquoi elle connaît un tel regain d'intérêt. Elle s'inscrit parfaitement dans la quête de boissons "fonctionnelles" à intégrer dans sa routine quotidienne, comme le rooibos en Afrique du Sud ou le Chaga en Sibérie.

Et sa popularité ne se limite plus à ses terres d'origine, en France on commence tout juste à le découvrir mais dans d'autres pays il est déjà très consommé pour ses vertus reconnues.

Pour mieux saisir ce qui le rend si unique, comparons-le directement au thé noir classique.

"L'ivan chai n'est pas seulement une boisson, c'est une expérience sensorielle. Chaque tasse raconte l'histoire des prairies sauvages où l'épilobe prospère et du savoir-faire artisanal qui transforme ses feuilles en une infusion précieuse."

L’histoire oubliée du thé des tsars

Bien avant que le thé noir d'Asie ne s'impose dans nos tasses, une autre boisson régnait en maître sur les routes commerciales. L'ivan chai, cette humble infusion issue des prairies slaves, a connu un âge d'or spectaculaire, devenant une véritable fierté nationale et une puissance économique.

Son histoire est celle d'une ascension fulgurante, d'une quasi-disparition, puis d'une renaissance portée par un désir de retour aux sources. C'est le récit d'une plante sauvage qui a su conquérir les palais les plus exigeants, y compris ceux des tsars.

Cette boisson était si appréciée qu'elle portait fièrement le surnom de « thé des tsars » ou « thé de Koporye », du nom du village où sa production commerciale a démarré au XVIIIe siècle. Son succès a très vite dépassé les frontières de l'Empire russe, séduisant les amateurs d'infusions à travers toute l'Europe.


L'âge d'or d'une exportation impériale

Au XIXe siècle, l'ivan chai n'était pas une simple curiosité locale, c'était une force économique pour la Russie impériale. Sa popularité était telle qu'il rivalisait sans complexe avec les thés importés de Chine et d'Inde, proposant une alternative savoureuse et bien plus accessible.

Des cargaisons entières de feuilles fermentées quittaient les ports russes pour l'Angleterre, l'Allemagne et la Prusse, apprécié pour son goût unique à la fois doux et fruité. 

"L'ivan chai était bien plus qu'une boisson. Il incarnait une culture, un commerce florissant et un art de vivre qui a marqué toute une époque avant de sombrer dans l'oubli."

Historiquement, l'ivan chai fut l'un des produits les plus exportés de Russie au XIXe siècle, se classant même comme la deuxième exportation du pays avant la Révolution de 1917. En France, bien que plus rare, son importation touchait principalement les cercles aristocratiques et quelques salons de thé avant la Première Guerre mondiale.

Le déclin et l'oubli

L'ascension fulgurante de l'ivan chai a été stoppée net par les bouleversements du XXe siècle. La Révolution de 1917 a marqué un tournant décisif, et tragique, pour cette industrie florissante. Les archives commerciales montrent une interruption quasi totale des importations entre 1920 et 1980.

Cette chute brutale s'explique par divers bouleversements politiques, la concurrence britannique et la perte du savoir-faire. En effet, au même moment, la Compagnie britannique des Indes orientales a intensifié ses efforts pour promouvoir ses thés noirs d'Inde et de Ceylan, inondant le marché européen.

Le thé des tsars, autrefois si prisé, s'est effacé peu à peu des mémoires et des tasses, remplacé par le thé noir devenu la norme. Pendant des décennies, il est resté confiné aux souvenirs des anciens et aux pratiques de quelques villages isolés.

La renaissance d'un trésor national

Aujourd'hui, l'ivan chai connaît une renaissance remarquable. Porté par un intérêt renouvelé pour les produits naturels, les traditions authentiques et le bien-être, il revient en force sur le devant de la scène. Des artisans et de petites entreprises dans les pays baltes redécouvrent et ravivent les méthodes de fabrication ancestrales.

Son histoire fascinante, de l'apogée à la quasi-disparition, lui confère une aura particulière. Chaque gorgée est un hommage à une tradition résiliente, un trésor oublié qui retrouve enfin la place qu'il mérite.

Les mille et une vertus de l'épilobe fermenté

Les bienfaits de l'ivan chai sont ancrés dans un savoir populaire séculaire. Sa magie ne vient pas seulement de son goût si particulier, mais aussi de sa composition nutritionnelle. C'est un véritable allié pour se sentir bien.

Son premier grand avantage c'est son absence totale de caféine. On peut donc en boire à toute heure du jour et du soir, sans craindre de perturber son sommeil ou de ressentir une quelconque nervosité.

Cette particularité en fait une invitation à la détente, une pause bienvenue dans nos vies souvent menées à cent à l'heure. On profite de ses effets apaisants sans les effets excitants.

Un trésor de nutriments essentiels

L'épilobe fermenté est un véritable concentré de bonnes choses pour notre corps. Ce n'est pas pour rien que la médecine traditionnelle russe l'utilise comme remède naturel depuis des générations.

L'épilobe contient une bonne dose de vitamine C (plusieurs fois plus que le citron). C'est un antioxydant puissant, parfait pour soutenir le système immunitaire et dire adieu aux coups de fatigue hivernaux. Il est également source de vitamine A et de minéraux (fer, magnésium, calcium). Mais la vitamine C n'aime pas la chaleur, on la retrouve donc peu en tasse. 

Un allié pour la digestion

Les bienfaits de l'ivan chai ne s'arrêtent pas là, bien au contraire, il prend surtout soin de notre système digestif. Grâce à ses propriétés anti-inflammatoires et à des tanins spécifiques comme l'oenothéine B, il aide à calmer les petits inconforts gastro-intestinaux et à réguler le transit.

On l'utilise traditionnellement pour apaiser les brûlures d'estomac légères ou les sensations de ballonnement. C'est un peu comme un baume naturel pour notre ventre, une pratique courante dans les campagnes d'Europe de l'Est.

Chez Tea Tribes, nous vous proposons une version jour IVAN CHAÏ DIEN, une recette aux propriétés digestives et anti-inflammatoires dans laquelle nous avons fait la part belle aux baies d’argousier : de l’énergie sans excitant, puisqu’il n’y a aucune théine à l’horizon !

IVAN CHAI DIEN

    Une parenthèse de calme pour l'esprit

    L'un des bienfaits connus de l'ivan chai est aussi son effet calmant. La tradition voulait que, dans les villages reculés de Sibérie, on le savoure le soir pour dénouer les tensions de la journée, apaiser un mal de tête et s'assurer un sommeil vraiment réparateur. Ce rituel du soir est encore pratiqué aujourd'hui, associé à d'autres plantes calmantes.

    Chez Tea Tribes, nous l'avons associé à la lavande dans sa version nuit IVAN CHAÏ NOCHKA, pour faciliter l'endormissement. En ce moment, nous attendons la nouvelle récolte, il est donc en rupture de stock.

    IVAN CHAI NOCHKA

    Une tasse d'ivan chai avant de dormir devient alors un petit rituel qui prépare le corps et l'esprit à une nuit de repos profond. C'est le compagnon idéal pour une séance de méditation ou de pleine conscience, ou tout simplement pour s'offrir un moment de quiétude après une longue journée.

    Le processus de fabrication

    Derrière le goût si particulier de l'ivan chai se cache un processus artisanal méticuleux, un savoir-faire transmis de génération en génération. C'est ce rituel qui transforme les simples feuilles d'épilobe en une infusion riche et complexe. Chaque étape, de la cueillette à la tasse, est essentielle pour en révéler toute la profondeur aromatique.

    Ce voyage commence dans les prairies et les clairières sauvages, là où l'épilobe déploie ses hautes tiges fleuries. Le moment de la récolte est crucial : les feuilles sont cueillies juste avant ou au tout début de la floraison, généralement au cœur de l'été. C'est à cet instant précis qu'elles sont gorgées de nutriments et de composés aromatiques.

    Une fois cueillies, les feuilles ne sont pas simplement séchées comme pour une tisane classique. Elles entament une véritable transformation en plusieurs phases, chacune jouant un rôle déterminant dans le profil gustatif final de l'ivan chai.

    Le flétrissage, une étape de patience

    La toute première étape est le flétrissage. Les feuilles fraîchement récoltées sont étalées en une fine couche dans un endroit ombragé et bien aéré. Elles y reposent pendant plusieurs heures, parfois même jusqu'à une journée entière.

    Ce temps de repos n'a rien d'anodin. Il permet aux feuilles de perdre une partie de leur humidité, ce qui les rend plus souples et plus faciles à travailler pour l'étape suivante. C'est un peu comme laisser reposer une pâte avant de la pétrir.

    Le roulage pour libérer les sucs

    Vient ensuite le roulage, une étape manuelle fondamentale. Les feuilles flétries sont roulées fermement entre les paumes des mains ou sur une surface texturée. Le but ? Briser les parois cellulaires de la plante, mais sans la déchirer.

    Cette action mécanique libère les sucs et enzymes contenus dans les feuilles. C'est ce qui va enclencher le processus de fermentation. En Russie, certaines traditions veulent que l'on torde les feuilles en petites "saucisses" bien compactes, un geste précis qui assure une fermentation homogène.

    La fermentation, le cœur du processus

    Le roulage a préparé le terrain pour l'étape la plus magique : la fermentation. Les feuilles roulées sont placées dans un récipient puis couvertes d'un linge humide et laissées dans un endroit chaud (autour de 25-30 °C) pendant 1 à 2 jours.

    "C'est ici que l'ivan chai acquiert toute son âme. Pensez à la fermentation des fèves de cacao qui développent leurs arômes chocolatés, ou à celle des raisins qui se transforment en vin. Le principe est exactement le même : une métamorphose biochimique contrôlée qui fait naître des saveurs entièrement nouvelles."

    Durant cette phase, l'odeur des feuilles change du tout au tout. L'arôme herbacé et vert du début laisse place à un parfum doux, fruité et miellé, signe que la fermentation est une réussite.

    Le séchage pour fixer les arômes

    Une fois que le profil aromatique souhaité est atteint, il faut absolument stopper la fermentation. C'est le rôle du séchage. Les feuilles fermentées sont étalées sur des plateaux et séchées à basse température, traditionnellement dans un four à bois russe (pechka). Aujourd'hui, un déshydrateur ou un four.

    Le séchage doit être lent et doux pour ne pas "brûler" les arômes délicats développés juste avant. Une fois complètement sèches et cassantes, les feuilles d'ivan chai sont prêtes. Elles arborent alors une belle couleur brun foncé et un parfum envoûtant.

     

    Vos questions sur l'ivan chai

    Après avoir exploré son histoire fascinante et ses bienfaits, quelques questions reviennent souvent.

    Alors, l'ivan chai, ça contient de la caféine ?

    Absolument pas. L'ivan chai est naturellement sans caféine, car il ne provient pas du théier (Camellia sinensis) comme les thés noir ou vert, mais de l'épilobe. Vous pouvez donc en boire à n'importe quel moment de la journée, même tard le soir, sans la moindre crainte de perturber votre sommeil, au contraire.

    Quelle est la différence avec une simple tisane d'épilobe ?

    La différence est immense ! Tout réside dans le savoir-faire ancestral de la fermentation. Une simple tisane, ce sont des feuilles d'épilobe séchées. Le goût est agréable, mais reste assez léger, très herbacé. Pour l'ivan chai, c'est une tout autre histoire. Les feuilles sont flétries, roulées, puis laissées à fermenter avant d'être séchées. Ce processus métamorphose complètement leurs arômes. On passe d'une note végétale simple à des saveurs profondes, complexes, avec des touches fruitées et miellées. La fermentation rend aussi ses nutriments plus faciles à assimiler pour notre corps.

    "C’est cette fermentation qui donne à l'ivan chai son caractère si riche et singulier. Un vrai travail d’artisan qui le place bien au-delà d’une simple infusion de plantes."

    Y a-t-il des contre-indications ?

    L'ivan chai est une boisson très douce, considérée comme sûre pour la grande majorité des gens. Par simple principe de précaution, on conseille toujours aux femmes enceintes ou allaitantes de demander l'avis de leur médecin avant d'adopter une nouvelle plante dans leur quotidien. De la même manière, si vous suivez un traitement médicamenteux.

    Comment bien conserver mon ivan chai ?

    Pour qu'il garde toute sa magie, conservez votre ivan chai comme vous le feriez pour un thé de grande qualité : dans un contenant bien hermétique, à l'abri de la lumière, de la chaleur et de l'humidité. Un placard de cuisine, loin du four, est parfait. Dans de bonnes conditions, il peut se garder jusqu'à deux ans sans perdre ses merveilleux arômes. D'ailleurs, certains connaisseurs aiment le laisser vieillir un peu, trouvant que ses saveurs s'arrondissent et gagnent en complexité avec le temps, un peu comme un bon vin !


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