Auteur : Anne ALLOIN
L'association Mayanna
C’est à San Juan La Laguna, un village du Guatemala au bord du lac d'Atitlán, que j'ai rencontré des femmes mayas de l’ethnie maya Tz'utujil qui pratiquent le tissage traditionnel. Cela a été un vrai coup de cœur qui a donné naissance à l’association Mayanna.
À travers cette association je souhaite apporter mon soutien aux femmes tisserandes du Guatemala afin qu'elles puissent vivre dignement de leur savoir-faire dans le respect de leurs traditions textiles. Plus récemment j'ai rencontré Jean-Luc, le fondateur de TEA TRIBES, qui m'a proposé de faire connaître ces créations issues de pratiques ancestrales, au travers de sa marque. Je suis heureuse d'avoir la possibilité de vous en dire, ici, un peu plus sur cette autre belle tradition des Mayas.
Les origines du métier à tisser
D’après la légende, le métier à tisser « telar de cintura » trouve son origine auprès d’Ixchel, une déesse maya représentant la fertilité et la procréation. Ixchel a appris à la première femme à tisser, et depuis, la pratique s'est transmise de mère en fille, de génération en génération.
La technique ancestrale des femmes mayas Tz'utujil
Les tisserandes utilisent du fil de coton produit localement. Le Guatemala n'est pas très connu pour ses exportations de coton pourtant la culture de cette plante est l'une des plus anciennes du pays. Le filage du coton consiste à tenir la masse de coton d’une main tandis que l’autre fait pivoter le fuseau dont la pointe est placée dans une petite calebasse qui en assure la stabilité. Il faut plus de 16 heures de travail pour obtenir une pelote de fil.
La teinture naturelle
Il est ensuite nécessaire de teindre les fils. Pour cela, les tisserandes de cette communauté utilisent un procédé hérité de leurs ancêtres : la teinture naturelle. Les femmes mayas utilisent les ressources que leur procure leur environnement naturel : curcuma, coquille de noix de coco séchée, indigo, fleurs de bougainvilliers, noyau d’avocat ou encore feuilles de café. Pour fixer la couleur, les artisanes coupent des morceaux de troncs de bananiers qu’elles font macérer pendant 12 heures. Les plantes sont portées à ébullition et les fils sont trempés dans la préparation jusqu’à obtenir la couleur désirée. Les écheveaux de fils teints sont ensuite séchés à l’air libre.
L’ourdissage
Avant de tisser, les femmes procèdent ensuite à l’ourdissage : les tisserandes utilisent des piquets en bois autour desquels elles enroulent le fil pour former des entrecroisements en fonction de la largeur, de la longueur et du motif souhaité. La tisserande utilise alors toute sa créativité pour créer des motifs et assortir des couleurs. L’ourdissage achevé, il est maintenant temps de passer au tissage. Les entrecroisements des fils sont prêts à être montés sur le métier à tisser.
L’extrémité du métier à tisser est attachée à un arbre créant un lien direct avec la nature. L'autre extrémité est enroulée autour du dos à l’aide d’une ceinture. La tisserande adapte la tension en avançant ou en reculant son dos.
Bien que rudimentaire, le métier à tisser permet de réaliser des motifs d’une grande diversité. Le métier à tisser de ceinture est utilisé depuis plus de deux millénaires par les femmes mayas. Elles n’utilisent pas le métier à tisser droit à pédale importé par les Espagnols (celui-ci est généralement réservé aux
hommes) car les femmes sont les garantes de la transmission des traditions mayas.
Un savoir faire unique
Mayanna propose ainsi des accessoires tissés par ces femmes aux doigts d’or. Ces créations s’adressent à ceux et celles qui veulent consommer « autrement » dans le respect de la nature et de la personne qui a conçu l’objet.
Agissons ensemble pour que les tisserandes mayas puissent vivre dignement de leur savoir-faire.
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Site web : https://www.mayanna-guatemala.com/
Instagram : @mayanna.guatemala